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Les rois du pétrole
31 août 2009

Comment choisir un bon melon

Le billet qui m'a valu le plus de fréquentation sur ce blog était celui consacré au dégel des tuyaux d'eau l'hiver.

Il faut dire que c'était un billet de saison puisqu'écrit en janvier et qu'il diffusait un savoir tout en partageant une expérience personnelle. L'essence du Web 2,0 en quelque sorte. Je ne compte plus le nombre de requêtes qui ont abouti sur mes pages, même du Canada dis-donc !

Pour avoir malheureusement côtoyé quelques canadiennes défavorisées du Québec qui ne tarissaient pas d'éloquence sur la rigueur de leur froid hivernal (et d'éloges aussi sur les bienfaits de leur bien-être social), je me disais que dans un pays affichant un tel souci d'avancées sociales - et de vulgarisation scientifique. Personne n'a vu un Comment c'est fait ? - un cours de dégel des tuyaux d'eau devait être prodigué à dix-huit reprises au moins tout au long de la scolarité des jeunes générations, histoire de ne pas les voir entrer dans la vie active aussi démunies que leurs aînées, forcées de se rabattre sur le BS et sur un verbe aussi haut en couleur et trompeur que le chant des sirènes.

C'est donc avec un certain étonnement que je voyais débarquer des canadiens sur les pages d'un maudit français.

A dire vrai, une visite en provenance des bases polaires m'aurait moins étonné. Mais là-bas, la question des canalisations gelées a dû être réglée dès la conception.

Tiens, ouvrons une parenthèse.

Ça me rappelle qu'un jour mon kiné – qui me soigne un mal de dos chronique (problème de ceux qui ont le melon, la tête pèse et éreinte les cervicales) – m'avait narré qu'il avait un jour débouché des toilettes au-dessus du Pôle nord.

« Au chalumeau ? » lui avais-demandé tandis que deux autres patients gloussaient en cachette.

« Non, en avion alors qu'on survolait le Pôle nord pour se rendre au Japon ».

Comme mon kiné, clientèle majoritairement « populaire » oblige, a un humour accessible au plus petit dénominateur commun j'ai cru à une histoire de Toto, grand fabricant japonais de systèmes aqueux pour toilettes. Mais non.

Fin de la parenthèse.

Avec ce billet-ci, je vais tenter de rééditer l'exploit de fréquentation des canalisations d'eau gelées avec un autre sujet de saison :  comment choisir un melon sucré et savoureux au supermarché.

Bon, ok, j'ai conscience que j'arrive bien trop tard, la saison des melons est en passe de s'achever et dans ce domaine il ne reste que les grosses têtes des bloggeurs nouveaux et (com)passés pour faire croire qu'elle dure toute l'année. Mais bon, j'avais commencé ce billet il y a déjà deux mois puis je suis parti en vacances, j'avais bien mieux à faire quoi. C'est au retour que la lanterne de mon nordi m'a rappelé l'état des billets inachevés,

Je parlerai des variétés Canteloup et sa variante dite « de Cavaillon ».

Dans notre beau pays tricolore, le savoir-faire présidant au choix du bon melon est un sorte de sport national grâce auquel le français se souvient tout à coup qu'il est partie de la patrie de la gastronomie authentique et véritable. Savoir choisir un melon au marché, connaître le bon coin à champignons, être celui à qui on ne la fait pas, sont les maigres fiertés qui restent à un peuple qui, par ailleurs, a perdu toute fierté depuis la Seconde guerre mondiale et ne peut plus s'enivrer de ses Trente Glorieuses pour l'oublier.

Peu importe que le français soit majoritairement urbanisé, que ses plats soient majoritairement issus de l'industrie agro-alimentaire et que sa seule concession au savoir-faire d'antan se résume à mettre en route une machine à pain, où il aura jeté, après une pesée méticuleuse des fois que, les quatre ingrédients du pain, dont trois ne proviennent pas non plus du paysan du coin.

Épris de connaissance, amoureux du travail bien fait, il n'est peut-être pas capable de briller à Questions pour un champion et il achète dès qu'il le peut ses meubles chez des affairistes suédois, le français moyen à qui-on-ne-la-fait-pas se rattrape

  • en sachant choisir un bon melon,

  • en jalousant ses bons coins à champignons

  • et en se gavant le week-end d'un barbecue au cours duquel il absorbera plus de saloperies carbonisées que s'il allait s'aérer sur le périph' une année durant.

Il faut le voir étaler ses talents aux étals de cucurbitacées. Le même qui sait tout, qui a un avis sur tout et qui vous pourrit un repas de famille et l'appétit des jeunes écoliers en déclarant que son certif' d'hier vaut mieux que tous les diplômes d'aujourd'hui, tripote, malaxe, renifle, soupèse des fruits déjà tripotés, malaxés, reniflés, soupesés et délaissés par les experts précédents. Vous cherchiez comment se diffuse le virus H1N1 ? Ne cherchez plus !

Comme si cela ne suffisait pas, le rituel se déroule en surveillant du coin de l'œil mauvais les rivaux qui cherchent également LE melon et non LA betterave... C'est derrière les écrans de surveillance du supermarché que ça doit se poiler...

Moi je ne sais pas choisir un bon melon en fait, c'est ma femme qui m'a donné la recette : elle examine la queue. J'ignore si elle m'a choisi de la même manière (Ha ! Ha ! Que j'aime mon rire gras ! ). La queue du melon doit être assez sèche pour que le melon ait pu se détacher de la tige sans avoir besoin d'être sectionné, c'est signe qu'il est arrivé à maturité.

Évidemment, il y en a qui préféreront toujours renifler (la queue) pour s'assurer de leur prise. Mais comme ma femme l'a fait remarquer à un fâcheux qui agissait ainsi tout en se gaussant d'elle : « Ce n'est pas la queue du melon qu'il faut renifler, c'est son cul ! »

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