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Les rois du pétrole

31 décembre 2021

Le film de la semaine à éviter s'intitule «Old Joy»

Le film de la semaine à éviter s'intitule « Old joy »

Quoique... Tempérons un peu cette lapidaire recommandation.

«Old joy » est une film nord-américain, tourné en Orégon (qui est un Etat des Etats-Unis d'Amérique ), ce qui signifie que la presse est unanime pour nous vanter la beauté des paysages.

« Old joy » pourrait se traduire littéralement par « vieille joie », ne pas confondre avec « vieille fille de joie » les Etats-Unis d'Amérique ayant été fondés par des puritains, il ne manquerait plus qu'on y parle de filles de joie !

Que raconte « Old joy » ?

Rien.

Absolument rien.

Mais alors strictement rien !







Euh...

En fait...

Si...

Quand même deux-trois trucs...

Mais si peu...

On assiste par exemple à la conversation des trois personnages principaux : Mark, Kurt et Tania (la femme de Mark) qui, au tout début du film, se sert un verre solitaire.

Et que se racontent-ils ces trois-là ?

Ben...

Pas grand chose en fait :

Kurt passe un coup de fil à Mark, à l'improviste, pour l'inviter à une marche en pleine nature, direction les sources chaudes de Bagby.

Mark hésite, en parle à sa femme, lui propose de se joindre à eux alors qu'il sait bien qu'étant enceinte jusqu'au cou elle ne pourrait pas y aller, puis finalement il accepte l'invitation de Kurt, un peu marri parce que, dans la discussion avec sa femme, elle a mis en lumière le fait qu'en hésitant il ne faisait rien d'autre qu'à chercher son autorisation à elle, au lieu de prendre sa décision tout seul comme un grand.

Eh oui... Elles sont comme ça les femmes. Elles ont un sixième sens, elles comprennent tout d'avance, sans qu'on ait besoin de leur expliquer. D'ailleurs, si elles n'existaient pas les femmes, elles s'inventeraient toutes seules.











« Ah bon ? C'est tout ? »

« T'as payé 3.50 euros pour aller voir ça ? Punaise mais t'es con ! T'en as autant gratos dans toutes les pages de la blogosphère ! »

Mais non c'est pas tout, bande de nazes !

Bien que ça fasse déjà la première partie du film.

 

La deuxième partie du film c'est Mark qui fait le trajet en bagnole, de chez lui jusqu'aux sources chaudes de Bagby.

Peu de dialogues, si ce n'est l'auto-radio de Mark qui diffuse une émission de talk-show sans les images, grâce à laquelle le spectateur français en apprendra un paquet sur les coulisses de la politique intérieure nord-américaine (et franchement, vu d'ici, c'est aussi passionnant qu'une raffarinade d'après-Pentecôte).

On voit donc Mark aller chercher son pote Kurt tout en écoutant la radio, on voit Mark garer sa bagnole devant la maison de son pote Kurt, on voit Mark franchir la petite allée typiquement nord-américaine qui mène vers la porte d'entrée de la maison de son pote Kurt, on voit Mark frapper à la porte de la maison de son pote Kurt, on voit Mark attendre une réponse qui ne vient pas, on voit Mark frapper à nouveau à la porte de la maison de son pote Kurt puis, comme son pote Kurt n'ouvre toujours pas, Mark comprend qu'il n'est pas là à se décide à attendre son retour à l'extérieur.

Long plan fixe sur Mark assis sous la varangue.

(Il est chiant hein, le paragraphe précédent ? Ouais ben moi je me suis farci le film en entier ! Là c'est un cadeau que je vous fais !)

Et c'est alors, pendant le plan fixe sur Mark qui attend son pote Kurt, le visage à moitié caché par une balustrade jaune (ou bleue, j'sais plus, on s'en fout de toutes façons) qu'apparaît à l'écran une chose qu'on n'attendait plus, une chose qu'on n'espérait plus, on chose dont on s'est dit en la voyant « Ah oui tiens ! On l'avait pas encore vu ! »

Kurt ?

















Non !


















... Je vous le donne en mille !























Le titre du film !

« Old Joy »...

Yeah ! On sent que ça va démarrer sur les chapeaux de roue...

Peu après le titre, Kurt fait son apparition.

Ah ! Enfin une nouvelle tête, un peu d'action, pour un peu je me serais cru dans la rétrospective « Ingmar Bergman et l'épilepsie, un espoir pour les malades ».

Les deux compères chargent la bagnole de Mark de tous les ustensiles qu'un nord-américain, même écolo, croit indispensable à une rando d'une demi-journée + une nuit et font la route.

 

On aborde alors la troisième partie du film, tout aussi palpitante, où Kurt et Mark tentent une conversation, qui reste assez décousue malgré leurs efforts.

Diable ! Mais qu'est-ce qu'ils ont ? Ils partent en rando dans un coin super chouette et non seulement ils savent pas quoi se dire mais en plus ils se tirent presque la tronche...

Et que Mark raconte que son père est parti de la maison à 60 (ou 70) ans parce qu'il ne supportait plus son mariage... Et qu'après on lui a découvert des caillots de sang dans le cerveau...

Et Kurt de dire qu'on l'aurait embauché comme chef dans une communauté à Pétaouchnok-les-bains et qu'il en est revenu transfiguré...

Et patati...

Et patata...

Ils essaient mais ils ont du mal.

 

Vous avez raison, pas mieux qu'un blog.




Avec toutes ces choses passionnantes à se raconter ils arrivent à louper le chemin forestier qui mène au sentier des sources...

Ah c'est malin ! La nuit tombe et il va falloir camper n'importe où.

Devinette : quels sont les coins en bord de route où l'on peut camper ?

Réponse : dans ceux qui ne sont pas trop près de la route - pour éviter d'être dérangés - mais pas trop loin non plus car on n'a pas que ça à foutre à rouler dans la gadoue. Bordel !

Bref : dans les coins qui servent de décharge sauvage aux indélicats qui ont la flemme d'appeler les encombrants ou de pousser jusqu'à la déchetterie.

Nos deux lascars pris par la nuit campent donc au milieu d'un champ de détritus non périssables.

C'est évidemment éminemment symbolique : retour à la nature contrarié à cause des résidus de la civilisation, etc, faut vraiment être de la génération SMS pour pas comprendre (et encore...).

Mais ça ne les empêche pas de faire un feu de bois avec les bûches achetées au supermarché (oui, des bûches emballées achetées au supermarché... des américains écolos je vous dis), de s'affaler sur un canapé qui traînait par là, de se livrer à ces jeux d'adultes genre « confidences de Kurt à Mark » ou « tir au pistolet à air comprimé sur les canettes de bière vides », bref une soirée très Baden Powell barely legal, tout va bien, ce n'est pas une resucée de Brokeback Mountain mais ils ont quand même l'air de ne pas y croire.

Après une nuit noire - que la réalisatrice n'a heureusement pas osé nous filmer dans son intégralité - nous sommes gratifiés d'un petit matin « réveil, pliage de tente et de sac de couchage, ramassage d'objets métalliques avec bruit de plastique froissé », on sent que la réalisatrice a voulu rendre là tout le climat de la nouvelle de Jonathan Raymond, dont le film est tiré, et que le bruiteur était à court d'arguments.

Mais nos deux compères ne pipent pas mot pour autant.

(Moi je m'en fous, je me suis déjà tapé « Paris, Texas » de Win Wenders, pensez bien que ces deux loustics n'auront pas raison de ma patience)

 

Nous allons aborder la quatrième partie du film : la randonné jusqu'au sources chaudes, au cours de laquelle une oreille attentive et un cerveau non assoupi glaneront quelques clés du film.

Cette partie est aussi celle qui a été la plus survendue dans la presse (à cause des soi-disant paysages magnifiques, en fait rien d'autre que des sous-bois d'une banalité affligeante mais qui doivent paraître très beaux à ceux qui sont rarement allés au delà du périph').

Nos deux compères, accompagnés de Lucy (la chienne de Mark) s'élancent dans la forêt.

Et comme lors du trajet en bagnole, ça tente de meubler le silence.

Et que Mark raconte ce qu'il a fait pour la « communauté », et qu'au détour d'une phrase on l'entend dire « « Il est loin le temps de nos seize ans, hein ? » (alors qu'ils en ont  les deux facilement plus du double), et que ça continue à papoter, et que Kurt répond je ne sais plus quoi, etc.

Bref une belle ballade pleine d'émotion contenue, mais je coupe au montage.

Nous voici arrivés aux fontaines chaudes, l'endroit est chouette c'est vrai, vous pourrez en trouver des photos grâce à Gogol images et les mots-clés « bagby springs ».

Nos deux anti-héros s'occupent alors des préparatifs du bain.

(Aller chercher des seaux d'eau froide, revenir vers les baignoires, vider les seaux, repartir chercher de l'eau froide, revenir vers les baignoires, vider les seaux, repartir chercher de l'eau froide, revenir, vider les seaux dans les baignoires, poser les seaux, se déshabiller, se mettre à l'eau, boire quelques canettes de bière, sortir de l'eau, remettre son short, commencer à raconter un rêve...

Tout ça filmé plan par plan comme je vous le raconte. Ouais ouais, je sais, il y a des passages parfois un peu ennuyeux mais tout le monde ne sait pas planter une atmosphère en économisant les plans)

Donc voici Mark et Kurt qui barbotent dans les baignoires taillées dans la masse de troncs d'arbres, Kurt raconte alors un rêve et lâche enfin la phrase qui donne son titre au film : « sorrow is nothing but an old joy », ce qui pourrait se traduire par « la tristesse n'est rien d'autre qu'une joie passée ».

Gros plan sur Mark, long plan fixe sur son visage un tantinet préoccupé, et là... Par la grâce d'un sursaut de paupière, à peine perceptible mais d'une intensité inouïe - dans la plus pure tradition de l'Actor's Studio - nous comprenons enfin que Mark et Kurt ne s'étaient pas vus depuis leur adolescence...

« Tout ça pour ça ? ! » direz-vous comme l'aurait dit feu Claude Lellouche.

Alors c'est pour ça que Mark hésitait à accepter l'invitation de Kurt ?...

C'est pour ça qu'ils avaient du mal à alimenter une conversation ?...

C'est pour ça qu'ils avaient l'air patauds quand ils tiraient au pistolet à air comprimé, le soir au milieu de la décharge sauvage ?...

Ils ne s'étaient pas vus depuis leur adolescence ? !

Punaise ! Mais faites comme à l'opéra ! Distribuez des livrets à l'entrée, qu'on puisse suivre, mince !

La clé du film ayant été révélée, le reste n'a alors plus d'importance et la réalisatrice plie le retour à la civilisation en quelques séquences, dont une presqu'interminable se déroulant en voiture, caméra filmant le chemin du retour par la fenêtre, de nuit.

Et ceux qui resteront jusqu'à la fin du générique apprendront, juste avant l'apparition des logos des labos et des équipementiers, que les sources chaudes de Bagby n'admettent pas la nudité et les boissons alcoolisés...

Ya pas à dire, après cette bucolique ballade, la réalisatrice sait comment nous remettre de plein pied dans la réalité...

(Oui, j'ai oublié de vous le dire, mais Mark et Kurt se sont baignés tout tout nus, des zézettes très ordinaires au demeurant)

 

« Old Joy » a été présenté comme un road-movie sensuel et initiatique.

« Road movie » c'est incontestable, on en viendrait presque à souhaiter la disparition du pétrole pour être libéré de ce genre de plaies !

« Sensuel »... Hum ! A part la séquence « baignade à poil dans des troncs d'arbres », bof ! Les photos des lieux que vous trouverez sur Internet vous feront envie, mais dans le film... Aïe aïe aïe !

« Initiatique » ? Ah ouais ! Là on est en plein dedans. Un bémol quand même : ce film semble avoir été taillé sur mesure pour les trentenaires entre deux eaux, ceux qui se nourrissent de films et lectures tous aussi philosophico-psychologiques les uns que les autres, et qui savent nous en enchanter avec leurs mots à eux, si proches de ceux attribués à Jean-Claude Van Damme.

En faisant des recherches sur ce film je suis tombé sur sa bande-annonce. Habituellement je les exècre mais celle de « Old joy » est d'une redoutable efficacité : en 1mn 25 vous avez la totalité du film, pas la peine d'en faire plus.

Les gens pressés apprécieront.

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31 décembre 2021

Constipette et la claire fontaine

Constipette, la secrétaire de la boite où bosse mon pote informaticien, vient de se trouver un nouveau cheval de bataille : la nouvelle fontaine d'eau de l'entreprise.

Une fontaine d'eau, ceux qui ont la chance de travailler dans un bureau ou dans certains ateliers savent ce que c'est : un simple distributeur d'eau. Mais la nouvelle fontaine d'eau installée dans l'entreprise possède deux robinets: l'un délivrant de l'eau très chaude, idéale pour se préparer un café instantané sans bouilloire, l'autre de l'eau très froide, idéale lorsque la clim est poussive ou en panne.

Les patrons sont contents : plus d'appareils électriques qui traînent de ci de là et beaucoup moins de risques d'accident.

Bon, évidemment, la nouvelle fontaine est toujours le lieu de rendez-vous de Radio Coursives, mais il semblerait que ce soit le lot de toute entreprise du tertiaire qui se respecte, un mal nécessaire qui apporte quelques bénéfices parfois lorsque la direction veut officieusement faire passer des messages sans se donner la peine de rédiger des notes de services qui pourraient officiellement être chahutées à la réunion des DP suivante.

D'un autre côté, les réunions de DP de la boite où bosse mon pote informaticien... D'après ce qu'il m'en dit, ce ne sera jamais l'antichambre de la révolution d'Octobre. Lorsque mon pote informaticien a émis le souhait, par lettre recommandée avec avis de réception comme il se doit, de voir organisées des élections de délégués du personnel dans cette boite dont le simple effectif aurait dû suggérer à sa direction que l'initiative aurait dû depuis longtemps venir d'elle-même et non de lui, il a tout de suite constaté un changement d'attitude à son égard. Et pas des plus chaleureux.

Et lorsque mon pote informaticien s'est lui-même présenté à ces élections sous l'étiquette d'un syndicat plus teinté ouvrier qu'employés de services bien propres sur eux, tous les cols blancs sauf trois personnes lui ont tiré une gueule pas possible et ont cru que les chars soviétiques allaient occuper les meilleures places de parking dès le lendemain. Manifestement, les cols blancs sauf quatre personnes ne savaient pas que l'Union soviétique avait vécu. Alors, de là à ne voir en mon pote informaticien qu'un bolchévique le couteau entre les dents... Pfft ! On vit de ces émotions dans le tertiaire...

Constipette s'est donc dévouée pour se présenter également à ces élections. Comme elle avait le soutien de sa direction et que tous ses collègues, sauf quatre personnes, ne feraient jamais rien pour fâcher ceux qui savent, elle a été élue. Et mon pote informaticien s'est retrouvé dans un placard du jour au lendemain et plus aucune des tâches qu'il effectuait ne donnaient satisfaction comme par hasard.

Constipette sait où réside son intérêt et celui de tous ses collègues, sauf quatre personnes. Elle a donc demandée lors de la première réunion des DP que ce soit examinée la question de la fontaine de l'entreprise. En effet il semblerait que son autonomie soit des plus faibles : pas plus de trois gobelets d'eau fraîche à la suite – ce qui est assez incroyable au XXI siècle ! – et comme l'été s'annonce caniculaire – elle n'en sait rien mais elle trouve que ça fait responsable de prévoir les pires situations, et que 25° C quand la clim est poussive... –  , elle trouve que ce serait bien de changer la fontaine qui, je vous le rappelle, peut être assez rapidement changée vu qu'elle est en location et d'ailleurs, Servicéba nous a récemment envoyé un courrier sur leurs nouvelles fontaines qui permettent même de remplir des bouteilles grâce notamment à un plus grand réservoir d'eau fraîche et, regardez comme c'est bien pensé, un support à gobelet qui s'escamote pour que l'on puisse aisément placer une bouteille pour la remplir... Elle trouve que vu :

 

 

  • que c'est le même prix qu'avant pour la location,
  • que cela économiserait sur les gobelets en plastique
  • et que une bouteille contenant plus qu'un gobelet cela réduirait d'autant les allées et venues autour de la fontaine et donc moins de pertes de temps et donc plus de productivité,

eh bien ça serait une bonne idée de changer de modèle vu que ça ne coûte rien à l'entreprise et que cela pourrait même rapporter étant donné les arguments développés. Constipette est contente, ce n'est pas pour rien qu'elle regarde Capital à la télé, lit Challenges dans ses toilettes et compte même s'abonner à l'Usine nouvelle pour son boudoir.

Incroyable record de célérité ? Sens aigu des priorités ? La nouvelle fontaine est arrivée deux jours après que le compte-rendu de la réunion de DP ait été affiché et Constipette a été la première à remplir sa bouteille.

Mais il y a quatre personnes, on ne dit pas qui c'est mais vous comprendrez assez vite qui c'est n'est-ce pas, a dit Constipette, qui s'amusent bêtement avec le porte-gobelet escamotable.

A la réunion de DP suivante, Constipette a demandé que soit officiellement rédigée une note de service rappelant à tous – car elle ne vise personne vous comprenez mais certains devraient savoir de qui il s'agit – le bon usage de la nouvelle fontaine.

En effet, avec cet astucieux porte-gobelet escamotable, et cela lui donne un air pincé d'en parler, Constipette se retrouve avec la même problématique qu'avec un autre type de battant jamais à sa place.

31 décembre 2021

Les ouvriers ont toujours raison

 

Alors voilà, l'autre jour (vendredi pour être précis) mon pote informaticien est venu, comme presque tous les vendredis, boire sa bière, rouler son joint des pelles des mécaniques, et on a passé le temps à se raconter comment le monde serait tellement mieux si on nous écoutait, à nous, les damnés de la terre.

Parfois, je me demande quel âge on a.

Donc j'ai commencé par moi, puisque c'est mon frigo qui a rafraîchi sa bière. Et je lui ai raconté comment, à l'usine, on a passé tout l'été à embaucher à 6 heures (au lieu de 7h30 habituellement).

- Ah, c'est chouette, qu'il a dit, vous aviez des horaires d'été ? C'est super pour aller à la plage, non ?

- Oui, oui, fis-je, goûtant modérément le trait d'esprit (car il n'y a pas de plage par chez nous).

- Il fait donc toujours aussi chaud sous la tôle ?

Ben oui. La tôle, c'est ce qui habille notre bâtiment.

Et la seule solution qui ait été trouvée, c'est de nous faire embaucher une heure et demi plus tôt le matin, à la fraîche. Respect du temps de travail oblige, on débauche également une heure et demi plus tôt, sous le cagnard. Sauf ceux qui restent plus que de raison, histoire de faire quelques heures supp', améliorant le SMIC mensuel qui nous est généreusement octroyé même si, contre toute attente, des ouvriers qualifiés devraient être un peu mieux payés que des manoeuvres.

(Oui, la lutte des classes existe aussi entre infortunés du même monde)

Mais comment se fait-il qu'en 2010 il fasse toujours aussi chaud dans les usines ?

A l'inverse des prisons (où il fait chaud aussi paraît-il l'été, même s'il y a peu d'échos à ce sujet – on parle déjà peu des ouvriers, ce n'est sûrement pas pour parler des taulards), notre usine ultra-récente a été construite en exploitant à outrance tous les moyens et ressources offerts par la technologie moderne : le photocopieur.

Il s'en est passé des choses depuis Xerox et Palo Alto, et les architectes spécialisés dans la construction d'ouvrages de sueur labeur savent en tirer parti : quand ils engrangent la commande d'une nouvelle usine, ils prennent les plans de l'usine construite l'année d'avant (s'il s'agit d'un cabinet absolument dé-bor-dé), ou quelques années avant (s'il s'agit d'un cabinet pas du tout dé-bor-dé), ils modifient deux ou trois cotes sans importance, passent le plan à la photocopieuse et ressortent un plan tout beau tout neuf, pour une usine également flambante neuve. Copie presque conforme du modèle érigé naguère.

Vous ne me croyez pas ? Vous avez raison, j'exagère un peu. Mais renseignez-vous sur la façon dont sont conçus les logements sociaux.

Bon, le truc c'est que l'usine, elle est quand même construite de la même façon que toujours: un vaste bâtiment (2 minutes et 37 secondes pour aller d'un bout à l'autre, d'un pas alerte). Des murs en béton ou parpaings (je n'ai pas gratté sous les peintures), un bardage métallique à l'extérieur. Un toit en métal.

Et deux fenêtres, pour tout le bâtiment (soit 2 m² d'ouvertures, à la louche).

Le toit métallique, c'est vraiment le top. Je ne suis pas architecte (et encore moins couvreur ou maçon)  mais j'imagine aisément les avantages d'un toit en métal : aussi léger et rapide à poser que le bardage qui enveloppe le bâtiment.

Il y a quand même des trappes, ouvrantes, sur le toit. Pour l'évacuation des fumées en cas d'incendie, sans doute, car en fait je ne les ai jamais vues ouvertes.

Velux a fait d'immenses progrès avec ses lucarnes fenêtres de toit, mais les fenêtres de toit des usines, elles, elles ne s'ouvrent pas.

Alors j'ai fait une équation pour mon pote informaticien :

métal + verre + soleil estival + températures nettement au-dessus des normales saisonnières  = P....n on crève de chaud ! Non, non ! L'effet de serre n'est pas un mythe.

Donc, dans l'usine où je bosse, il a fait effet de serre tout l'été. Et nous avons drôlement eu chaud. Et nous avons descendu des litres et des litres de flotte. En provenance des fontaines à eau disséminées dans l'atelier.

Mais pendant qu'on faisait la queue aux fontaines à eau (pas celle de Constipette, heureusement), on était vachement moins productifs...

Et la baisse de la productivité, c'est le cauchemar de l'actionnaire. Pauvre actionnaire, il se remet à peine de sa grande frousse de 2008, manquerait plus que les petites mains lui écornent ses dividendes alors que la reprise est là (1).

La parade face à cette canicule programmée ?

Ouvrir les fenêtres ? Non, il n'y en a pas.

Ouvrir les trappes de toit ? Non, elles ne s'ouvrent pas. Ou la commande a dû être égarée. Ou ça doit déclencher une alarme, alors je te dis pas le bordel et le manque de productivité encore.

Activer une ventilation ? Non.

Nous faire embaucher une heure et demi plus tôt ? Oui !

Et là, alors que personne ne le croyait possible, on a découvert que le bâtiment est thermiquement isolé. On ne sait pas comment, mais oui, il l'est : chaque matin, on sent encore la chaleur de la veille... Elle entre, la chaleur. Mais elle ne ressort pas. Tout l'inverse des Roms, quoi.

Embaucher à 6 heures, ça veut dire pour certains : se lever à quatre heures. Donc se coucher à vingt heures. Tous les jours sauf le week-end (même Dieu s'est reposé à la fin de la semaine).

Bon, c'est pas grave, on est des hommes ouvriers. Et tant pis si cet été, comme tous les étés – car ça se répète chaque été cette histoire -  on a pas vu grand monde à part les collègues de boulot.

Évidemment, il n'y a pas un quart de l'usine capable de tenir ce rythme. Faut croire que, même si, dans l'ordre de préséance, le travail passe avant la famille (et bien avant la patrie), il y en a qui y tiennent quand même beaucoup (à leur famille).

Jouxtant nos immenses ateliers, se trouvent les bureaux d'étude de l'usine. Les filles et les gars qui y bossent embauchent, eux, à leurs horaires habituels.

Ah ben oui c'est normal, ils ont des bureaux climatisés.

Et puis, les process sont rodés depuis belle lurette. Plus la peine de venir constater auprès de nous, les tâcherons, que oui, ça merde depuis belle lurette aux mêmes étapes de fabrication et que ça serait pas mal s'ils pensaient à corriger les plans envoyés aux machines numériques, histoire que nous, ouvriers, on perde moins de temps à rectifier le tir pour sortir un produit propre.

Je savais bien que j'aurais dû faire des études au lieu de jouer au con quand j'étais jeune.

Mais bon, je n'ai pas fait d'études, alors ça m'apprendra.



1 : oui, oui, personne ne daignera en informer le petit peuple, mais la reprise économique est là. Demandez aux prestataires de services du luxe si ils ne sont tous en train de revenir, leurs clients.

31 décembre 2021

Le film de la semaine à éviter s'intitule «Les fils de l'homme»

Dans la série « Les films à éviter cette semaine » est nominé à l'unanimité : « Les fils de l'homme »

Le prospectus de mon cinéma habituel le décrit comme un excellent film de science-fiction et « c'est rare, très rare. Suffisamment pour [qu'ils] le reprogramme » ajoute-il.

Wouaouw ! C'est donc pour ça et pas parce qu'il y aurait une case à boucher dans le programme estival et que le film serait loué sans minimum garanti ?

Parce que ce film.... Comme daube monumentale !... Même dans ce cinéma qui se pique de programmer des films « Art et Essai », j'en ai rarement vu des semblables...

Mais bon, je n'ai qu'à m'en prendre qu'à moi-même : je ne lis jamais leur programme puisque, par définition, un prospectus édité par un commerçant décrie rarement les produits qu'il vend.

Dans celui de ce ciné, les films sont si outrageusement loués que je n'y crois plus. On se fie plutôt à l'étiquette « Art et Essai » en se disant que, étiquettage oblige, ça ne peut pas forcément être mauvais.

(Un peu comme quand on achète un système d'exploitation à fenêtres, ça peut pas être mauvais puisque c'est produit par la plus grosse boite de logiciels du monde)

Si j'avais lu le programme j'aurais appris que le film est tiré d'un roman de P.D. James. Déjà ça m'aurait calmé.

Si j'avais lu davantage, j'aurais appris que l'histoire se déroule en Grande-Bretagne, en 2027, 18 ans après que toutes les femmes de la planète soient devenues stériles.

(en fait je ne lis jamais les dossiers de presse des films, je vais au cinoche avec l'innocence et la candeur du petit agneau mené à l'abattoir)

Histoire d'expliquer cette stérilité aussi étrange qu'invraisemblable le programme lâche quelques indices en vrac pour nous mettre sur la voie : l'homme a épuisé toutes les ressources de la planète, du coup c'est pollution, nihilisme et violence à tous les étages.

(Ah ! Ah ! On vous l'avait bien dit que ça vous pendait au nez bande de fanfarons du tuning et du 4x4 ! )

A tel point que l'humanité entière veut se réfugier en Grande-Bretagne, seul pays épargné, paradoxalement grâce à un régime totalitaire qui ne fait pas dans la dentelle.

(Tiens ? Pourquoi la Grande-Bretagne ? Pourquoi pas l'Islande ou la Nouvelle-Zélande ? Ce sont des aussi des îles, non ? )

Et c'est dans ce contexte somme toute pas rose que naît... Euh ! Pardon ! Elles sont toutes stériles ! Qu'est-ce que je suis bête !

Et c'est dans ce contexte somme toute pas rose que surgit Julian (c'est une femme), militante d'un « groupuscule extrémiste clandestin »

(matez le poncif : si c'est « groupuscule » c'est forcément « extrémiste », si c'est « extrémiste » c'est par conséquent « clandestin »)

pour charger Theo, un de ses ex devenu bureaucrate blasé, d'une périlleuse mission : convoyer une jeune réfugiée vers un réseau de sauvegarde de l'humanité... (Les désormais célèbres « Human Project' Boys ! »)

Mais, nous chuchote enfin le prospectus, cette réfugiée n'est pas une réfugiée ordinaire et Theo ne le sait pas...

Ouh dis-donc ! Le programme nous dit que toutes les femmes sont stériles, puis nous dit qu'une jeune femme pas ordinaire doit être amenée vers un réseau de sauvetage de l'humanité...

Eh bé dis-donc ! Je me demande bien ce qu'elle cache celle-là !

Et c'est pourtant sans me douter de quoi que ce soit que je suis allé voir cet « excellent » film de science-fiction...

Eh ben j'aurais mieux fait d'aller draguer à midi en plein désert, c'eût été plus profitable.

Alors, histoire de s'poiler, la réfugiée... (accrochez-vous à votre clavier)  Elle attend... Elle attend...






Un bébé !

Mais dans l'esprit de la très britannique P.D. James, la Grande-Bretagne de 2027 est devenu un pays cent mille fois plus sécurisé qu'un check-point de Naplouse ou de Berlin-ouest. C'est-y pas facile d'y transporter la future maman jusqu'à un point de contact.

Surtout que, pour ce faire, ils doivent transiter par un camp de réfugiés pas piqué des vers.

(Oui, pour quitter le pays ils doivent passer par le lieu où tout le monde passe dans l'espoir de rentrer dans le pays. La métaphore est belle, n'est-ce pas ? Manque plus que le couplet sur la réincarnation)

Et qu'on a droit à des scènes d'émeutes, des scènes d'enlèvement, des scènes d'exécutions sommaires, des scènes de réunions de militants aussi bornés qu'extrémistes

(ces dernières n'apprendront rien à ceux qui ont vu « La vie de Brian » ou ont milité chez les Verts)

des scènes de ratiboisage de camps de réfugiés par les chars britanniques qui nous font aimer nos centres de rétention, jusqu'à...

Image finale du film...

Image apaisante, mais non dénuée de suspens, dans laquelle une frêle embarcation mène, dans le brouillard, nos deux compères jusqu'à une balise maritime qui sera le point de contact.

Hélas, au cours des différentes scènes d'action pure qui rythment le film, Theo s'est pris quelques balles plus ou moins perdues. Et il est faible. Et il a perdu du sang. Et il a un pansement de fortune (les scénaristes d'Urgences bossaient dans le studio à côté).

Il peine à ramer vers la balise.

Va-t-il y arriver ?

Dans la brume apparaît un bateau de pêche...

Mais...

Mais qui ?...

Mais qui est-ce ?...

 

OUI ! ! !

Ce sont les « Human Boys Project » ! Modernes Rois mages qui accourent vers le petit Moïse sauvé des eaux...

(Ne cherchez plus de vraisemblance, on n'est plus à ça près. Et d'ailleurs P.D. James a écrit « Le fils de l'homme » à 73 ans, alors bon)

Et c'est à cet instant précis, à deux doigts du dénouement et du générique final que Théo se décide enfin à perdre connaissance... La jeune maman lui criant de tenir bon (car elle, elle ne peut pas ramer, elle a son gniard dans les bras)...

(oui, elle l'a mis au monde dans le camp de réfugiés, entre deux salves de mitraillette et quatre explosions de grenades)

 

Le suspens est terrible !

Le bateau de pêche va-t-il apercevoir le frêle esquif perdu dans la brume ?

Le héros va-t-il reprendre ses esprits pour toucher son cachet ?

Ma visiteuse de lundi à 16h02 va-t-elle revenir sur mon profil ?

Eh bien le film se terminera là-dessus...

Punaise ! Deux heures et 3,50 euros de perdus ! :-(

 

 

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24 décembre 2021

Dynamique de groupe et parcours du combattant

Pour célébrer dignement mon entrée dans ma quatrième année de chômage, l'ANPE le Pôle Emploi m'a placé dans un « OEG ».

OEG » c'est un raccourci pour désigner un « Objectif Emploi Groupe », un truc où on rassemble dix à quinze chômeurs dans la même pièce, deux à trois jours par semaine pendant trois mois, et où ils sont censés se remotiver pour trouver un emploi, apprendre les techniques de recherche qui vont bien.

C'est assez gonflant, c'est plutôt inutile, mais c'est aussi la preuve qu'il n'y a pas besoin d'être médecin ou patron du CAC40 pour avoir droit à un petit séminaire de derrière les fagots.

Sauf que là il n'y a pas de plages avec cocotiers, de poules d'hôtels de luxe à gros nibards avec piscine et de conférences-écran pour faire croire à Madame qu'on travaille.

Première étape : faire le bilan de nos formations, de nos connaissances, de ce qui nous a plu et déplu, de notre vision de notre parcours scolaire, et du « si c'était à refaire que referions-nous ? ».

Déjà, que l'on doive parler de l'école alors que la plupart des personnes présentes l'avaient quittée depuis plus de vingt ans... Je me suis demandé si je ne m'étais trompé de porte, peut-être étais-je dans un stage de rebirthing, va savoir.

Mais pour moi ça été vite plié. A part un baccalauréat lettres-langues obtenu de justesse – précision que je me suis abstenu de donner - je n'avais RIEN à offrir dans mon parcours, mais alors RIEN !

(Ah si ! Un CAP de barman mais ce diplôme est peu recherché dans les domaines que je convoite désormais)

« Et quelles étaient les langues que vous avez apprises ? » a très cordialement demandé la consultante

(ouais ouais, vous avez bien lu : on a droit à des « consultants ». J'espère qu'ils ne seront pas du même genre que chez Arthur Andersen)

Elle avait vu mon plus gros diplôme, connaissait manifestement la teneur de mon bac, savait qu'il y avait trois langues, mais s'étonnait aimablement que je n'en mentionne que deux sur mon CV

« - Anglais, espagnol et arabe » ai-je répondu.

« - Arabe ! » s'est exclamé la moitié de l'assistance, y compris celle, à demi-teintée, qui s'étonnait qu'un gars aussi beurre frais que moi ai appris l'arabe .

(Vas-y petit roi du pétrole ! Tu le tiens ton quart d'heure warholien !)

« - Ben oui, pourquoi ? » ai-je rétorqué, faussement étonné (j'adore faire ma diva).

« - Ah ! Alors, tout à l'heure, vous nous direz quelques mots en arabe ? » a ajouté la consultante.

C'est un de ses trucs de « convivialité » : que les personnes présentes puissent montrer leurs savoir-faire, leurs « transversalités ». A croire qu'ils ne savent plus par quel bout nous attraper pour nous faire retrouver la confiance qui sommeille en nous.

(Mais alors, d'un sommeil de plomb, hein !)

Ainsi, une jeune fille sans permis, tout juste rescapée d'un cuisant échec à son CAP d'ébénisterie, a été invitée à nous montrer quelques-une de ses réalisations. Ça part d'un bon sentiment ces petits à-côtés, dans le genre « tout est utile » (et tout est dans tout) mais bon, ça se heurte quand même à des obstacles pratiques tellement évidents qu'ils n'ont même pas effleuré l'esprit de notre sémillante consultante : transporter des meubles, pour un OEG en plus, là où on ne se traîne que contraint et forcé... Déjà en voiture c'est d'un commode... Mais alors en autobus...

Quant à moi, j'ai tu que ma transversalité était d'écrire des blogs de cul, des blogs techniques, des blogs désabusés et que, lorsque je n'écris pas, j'adore rouler des pelles à mon pote informaticien quand il passe à la maison et que nos femmes sont occupées à leur place à la cuisine.

« Oh non, fis-je débonnaire, ça remonte quand même à un paquet d'années, l'arabe je ne sais plus que le lire, sans le comprendre, à part quelques expressions qui m'ont marqué »

Alors zou ! J'ai raconté un peu mon parcours professionnel (que je ne dévoilerai pas ici, je n'ai pas attendu le portrait de Marc L. pour me méfier d'internet), j'ai parsemé mon exposé de nombreux coq à l'âne, car sous des dehors austères et mal-rasés je suis un sacré déconneur et l'assistance, quelque peu assommée par la chaleur de la salle ou la faiblesse de leur petit déjeuner, commençait à se demander quel était le fil d'Ariane entre toutes ces transversalités sur lesquelles je m'étendais gaiement.

Puis, à la question « si c'était à refaire que referiez-vous ? », j'ai sobrement répondu que je n'en savais rien.

(Tu parles que je le savais ! Déjà éviter de naître dans une famille de fêlés qui ont bousillé mon enfance au point que les services sociaux ont dû m'éloigner à 700 bornes de chez moi ! Mais bon, on était tous là pour apprendre à retrouver un emploi, pas pour raconter sa vie et faire pleurer dans les chaumières)

Alors s'il y a mieux qu'un OEG pour pécho les nanas, il y avait dans notre groupe quand même beaucoup plus de nanas que de mecs.

C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de Laura, une espagnole débarquée en France il y a peu, de Graciela, une cubaine quadrilingue (espagnol, français, anglais, russe), débarquée en France il y a cinq ans, et de Nathalie, une française tout juste débarquée de son boulot, il y a deux mois, pour cause de harcèlement moral.

La consultante de l'OEG m'avait placé presque d'office en « groupe restreint » avec Laura et Graciela, rapport à ce qu'on parle tous les trois la même langue (l'espagnol).

La consigne de « l'OEG groupe restreint » consistait à contrôler mutuellement nos « listes de connaissances » pour voir si cela cadrait avec les présentations publiques effectuées juste avant.

La « liste des connaissances », ce n'est pas la blog roll liste de notre carnet d'adresses bien sûr, mais l'énumération de toutes les choses que nous avions faites, on devait répertorier la moindre de nos connaissances, même celles acquises au cours de nos plus infimes ou insignifiantes expériences professionnelles.

Fort de ce fil conducteur j'ai donc répondu aux questions de Laura l'espagnole, qui se demandait pourquoi l'ANPE le Pôle Emploi l'avait mise là, puis j'en enchaîné sur « Aida », une série télé ibérique qui m'avait laissé sur le cul la première fois que je l'avais vue.

Échange fructueux puisque plus tard Laura m'a envoyé des liens Youtube sur Paco Leon, une des vedettes de la série, en train de pasticher Raquel Revuelta , une présentatrice de « films à la télé » (un peu le genre de Laurent Weil sur M6 il y a longtemps — mais en bien plus belle — avant qu'il n'ait cru trouver la consécration de son (très) maigre talent sur Canal Plus). Les pastiches sont à mourir de rire, à condition de :

  • comprendre l'espagnol (Paco Leon fait la gourdasse qui n'articule pas)

  • avoir vu quelques épisodes d'Aida auparavant, histoire de se mettre dans l'ambiance (bien que Aida et les pastiches n'aient rien en commun)

Ah oui mais on devait « lister nos connaissances » en « groupe restreint ».

On l'a fait en espagnol bien sûr, ce qui nous a permis de parler de tout et n'importe quoi, sauf de ce dont nous étions censés discuter.

(J'ai maladroitement causé de Cuba à Graciela, je ne sais pas si je pousse jusqu'à lui causer de « Company Man »)

Tout cela a permis à un jeune participant de l'OEG de s'exclamer : « Ah ben dis donc ! J'ai fait espagnol à l'école mais là, en vous écoutant, je ne comprends rien ! ». Splendeur et misères de l'Education nationale...

Le jeune faisait partie d'un autre groupe restreint, il n'avait pas vraiment de raisons de s'immiscer dans notre synergie mais puisque nous devions par ailleurs cultiver une dynamique de groupe je lui ai offert l'opportunité de se repositionner sur ses compétences linguistiques :

« - Qu'est-ce que tu connais en espagnol ?

- Ah ben je sais me présenter !

- Ben vas-y !

- Alors... Yo mais yamó oui-li-ám Asserdá »

(j'ai mis ses accents toniques)

« - Je sais aussi compter : unó-dosse-tresse... Euh... Cuatró ! Cincó-seïs-sete-otcho... Nuebe-diez, Euh... diez y uno, diez y dos... »

Je ne sais pas trop quelle idée Laura se faisaient de la France, mais pour ce qui est des français elle a été servie.

Quant à moi j'ai appris, qu'en espagnol, j'avais l'accent de ma région (j'en étais presque tout fier et flatté - vu le peu d'occasions que j'ai de pratiquer la langue de mes grands-parents - jusqu'à ce que je me souvienne que, poussé à l'extrême, cet accent pouvait être pris pour celui des cul-terreux. Je n'ai rien contre eux hein ! Mais les Ibères sont fiers et ombrageux, tout le monde sait ça).

Alors j'ai demandé à Laura si elle savait où je pouvais trouver un vrai dico espagnol-français, sur Internet et gratuit tankafère. C'est qu'il y a des dialogues d'Aida qui m'échappent vu qu'ils sont truffés d'argot, et que l'argot espagnol, ben c'est pas vraiment la langue que m'ont apprise mes grands-parents.

Avec Google j'étais tombé sur un site qui liste quelques expressions : http://site.voila.fr/tsk/dossiers/esp/argesp.html

Par exemple, rien que pour le mot « baiser » il y a 13 expressions. J'arrive péniblement à en trouver la moitié en français, sans doute un manque de pratique. Tout le monde sait qu'une langue se perd si on ne la pratique pas.

J'ai pris l'exemple de « baiser » car le sujet revient souvent dans Aida. Mais il y a aussi plein de « joder ! », « cabron ! », « coñazo ! », « dar el braguetazo », « capullo », « pringa'o », etc.

A croire que l'Espagne n'est intéressée que par le sexe, l'argent et l'insulte de son prochain.

 

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24 décembre 2021

« Garçon stupide »

Le film que vous pouvez éviter cette semaine s'intitule : «Garçon stupide».

Autant le dire tout de suite : j'ignore quand est sorti le film, où il est projeté, s'il est encore projeté, si vous pourrez le voir, et si cela vaut la peine que vous lisiez cette chronique.

(Car si je sais d'où et quand j'écris, j'ignore où et quand vous me lisez. Ha ! Ha !)

«Garçon stupide» traite, avec beaucoup de délicatesse et sans aucune pudeur, de la question de l'ouverture d'esprit chez les jeunes homosexuels de vingt ans qui sont beaux gosses, qui n'ont rien dans la tête et qui baisent à la chaine.

Dans le film c'est le jeune Loïc qui s'y colle. Il n'a rien dans le ciboulot, il a une belle gueule et il enchaine rencontre sexuelles furtives sur rencontres sexuelles  furtives.

Des rencontres filmées presque cliniquement, « c'est pour cette raison que le film est interdit aux moins de seize ans » nous informe le programme du cinéma, qui a largement pompé sa présentation dans une critique parue dans une magazine télé francophone, catholique et de gauche.

Alors vous je ne sais pas mais moi, un enchainement de scènes sexuelles filmées presque cliniquement, autant vous dire que je suis candidat !

Évidemment le programme du cinéma a largement survendu le film, mais on ne se sent pas floué car on les connait : cela fait plus de vingt ans qu'ils utilisent les mêmes procédés de marketing, alors bon...

Mais revenons à Loïc qui n'a rien dans le ciboulot.

Il ne connaît pas non plus Hitler (Il a beau être suisse, le Loïc, faut quand même le faire !) ni l'impressionnisme et il fait des photos avec son téléphone portable.

(Il découvrira d'ailleurs Hitler et l'impressionnisme dans un dictionnaire et placera dès qu'il le pourra qu'il est « photographe impressionniste ». Ce à quoi on a envie de lui répondre que c'est très impressionnant).

Loïc travaille comme « contrôleur qualité » dans une usine de chocolat (ça se passe en Suisse, rappelez-vous. Le réalisateur a probablement eu cette idée pour ne pas trop ébouriffer le marché américain, dont on dit qu'il a des idées simples et préconçues ).

«Contrôleur qualité», dans une usine helvétique de chocolat filmée par Lionel Baier, ça consiste à inspecter recto-verso les tablettes transportées sur la ligne de production pour détecter les malfaçons...

Ah je vous vois venir bande de petits sagouins !

« Chocolat », « tablettes », « inspection recto-verso », « homosexuel », on va avoir droit aux parallèles les plus démonstratifs ?

Eh bien...

 

Ouiiiiiii !

 

Sauf qu'il s'agit d'un film classé d'Art et d'Essai, pas d'une vidéo X posée en haut du présentoir de votre marchand de journaux.

(Il y a-t-il un féminin à «sagouins» ? Car c'est avant tout un film homosexuel)

Donc au fil des rencontres de Loïc, le réalisateur nous gratifie de parallèles fulgurants entre les mouvements de Loïc et ses partenaires et le mouvement des machines en production de l'usine...

Et si par cas le rapprochement nous avait échappé, nous avons même droit à écran divisé en deux : à gauche l'image des machines en fonctionnement : et vas-y que la bielle rentre dans un orifice, et vas-y que deux plaques s'entrechoquent pour mouler le chocolat...

A droite l'image de Loïc et de son partenaire du moment : et vas-y que je te sodomise, et vas-y que mes bourses choquent contre tes fesses...

Il s'agit bien d'une figure de style parallélépipédique, aussi lourde qu'un parpaing.

D'ailleurs, pour bien montrer la mécanicité des rapports de Loïc au monde, c'est finalement l'image des machines en action qui se substitue à celle de Loïc et ses partenaires.

Une symbolique démonstrative si légère qu'on en viendrait presque à regretter feu Claude Lellouch.

Mais voilà «Garçon stupide» est un film d'Art et d'Essai, donc avec des ambitions.

Elles sont incarnées par une voix off : celle d'un gars rencontré par Loïc, un de ses nombreux rendez-vous, un gars qui ne veut pas le sauter, et avec qui Loïc apprend l'usage de la parole en répondant à ses questions d'intérêt général.

(Cela a beaucoup surpris dans le milieu mais, oui, c'est indéniable, on peut faire une rencontre furtive dans un parking pour discuter et pas pour baiser).

La voix-off continue à rencontrer Loïc tout au long du film, elle pose toujours des questions sur lui. Ça le surprend le Loïc, et il a la réponse réticente car :

  1. il n'imagine pas qu'on puisse s'intéresser à lui et non à sa façon de sucer.

  2. Avoir une bite à la place du cerveau, ça n'aide pas pour réfléchir et causer de soi.

Pourtant Loïc a une confidente avec qui il cause : Marie, une fille sérieuse, étudiante et qui arrondit ses débuts de mois en travaillant à l'accueil d'un musée.

(Le film fait l'impasse sur la naissance de leur relation et c'est tant mieux car Loïc me donne assez de boulot comme ça).

Marie dépanne souvent Loïc : et que je t'héberge parce tu que rentres tard de tes escapades nocturnes et que chez toi c'est trop loin de l'usine, et que j'écoute les saloperies que tu fais avec les mecs mais ne t'en fais pas tu n'arrives pas à me choquer bien que tu essayes, etc.

Je n'ai pas trop compris les rapports qu'entretiennent Loïc et Marie mais on s'en fout : elle mourra vers le trois-quart du film, d'une chute causée par la barre de muscu que Loïc lui avait fixé auparavant dans un encadrement de porte.

(Il s'était pourtant appliqué, le bougre : dans le premier tiers du film on a eu droit à un plan de 16 secondes sur « fixation de barre fixe ». C'est dire si c'était bien amené pour la suite)

Le décès de Marie, aussi brutal qu'inattendu, secouera tellement Loïc qu'il s'enfuira avec la bagnole de Marie et aura un accident dans les routes de montagnes suisses.

(car Loïc n'a pas le permis, nous le savons grâce à une scène judicieusement placée quelques dizaines de minutes avant, qui nous les avait montrés tous les deux, Loïc faisant le pitre au volant de la voiture de Marie, celle-ci paniquant en lui donnant des leçons de conduite. Encore un symbole-parpaing !).

Mais rassurez-vous : le film traite d'ouverture d'esprit et de prise de conscience, pas de drames humains et de violence routière. Loïc échappera donc au fauteuil roulant. Faut dire qu'avec une heure et demi de film disponible, il faut faire des choix dans les grandes causes. Ouf !

Après les scènes de sexe, après les plans de travail à la chaine, après les disputes entre Loïc et Marie, après les questions introspectives de la voix-off, après le décès de Marie, après la découverte du décès, après l'accident de voiture, après la convalescence, tout bascule soudain : Loïc vide son compte d'épargne (heureusement il ne touche pas au deuxième pilier !), achète une caméra vidéo avec ses économies (la plus chère du magasin comme ça elle saura tout faire. Mon Dieu qu'il est niais !), prend le train, se retrouve au milieu de manifestations anti-G8 où il ne comprend même pas le sens des pancartes et des expressions telles que « alter-mondialiste », « un autre monde est possible », « militantisme », « tuez-nous tous », etc.

(Ça vous épate hein ? Souvenez-vous pour Hitler. Et puis je n'invente pas : c'est Loïc lui-même qui le dit qu'il ne comprend rien à ces pancartes).

Et là Loïc sort de son trou, la verge qu'il a à la place du cerveau laisse la place à un embryon de matière grise : il voit les manifestants, il marche à travers la foule, il sent qu'il se passe quelque chose car il clame à Marie-qui-est-au-ciel qu'il va désormais changer.

Puis on le retrouve dans une grande fête foraine où, allez encore un petit symbole-parpaing de derrière les fagots, il aperçoit, dans la grande roue,  celui que l'on suppose être la voix-off (un genre de blond méché, là on a presque échappé à la caricature).

Ah ! La roue tourne ! Je monte te rejoindre ! (C'est complétement idiot : il ne sont pas dans la même nacelle)

Le film est dédié à N.

J'ignore qui est N. mais le spectateur se sent quand même bien niqué !

24 décembre 2021

Ginette

Ginette a pris sa retraite. Après 23 ans passés comme caissière d'un supermarché dont elle a fait l'ouverture.

Son supermarché est situé dans un quartier populaire de sa ville, constitué de quelques blocs d'immeubles, doté d'une école maternelle, d'une école primaire, d'un collège, d'un bureau de poste, d'un centre social, d'une annexe de la bibliothèque municipale et de quelques commerces dont une pharmacie et une perception. Quelques hectares quelque peu excentrés, du fait des aléas de l'urbanisation sans doute, bordés par une voie ferrée et une voie rapide et desservis par une seule ligne de bus.

Ginette a vécu dans ce quartier, dont elle a déménagé deux ou trois ans avant sa retraite. Elle ne supportait plus de croiser les clients du supermarché, en dehors de ses heures de travail. Elle s'est installée de l'autre côté du fleuve, cela fait quelques kilomètres à parcourir désormais, un pont à franchir mais il y a pire comme trajet de travail et on peut le supporter s'il s'agit de gagner sa croûte.

Si Ginette fait parler d'elle après avoir pris sa retraite c'est parce qu'elle a un caractère de cochon, le genre de caractère qui laisse des souvenirs que l'on évoque avec soulagement. Parmi les clients su supermarché, Ginette avait ses têtes, et celles qu'elle n'avait pas préféraient l'éviter et attendre qu'ouvre une deuxième caisse pour payer leurs achats.

Certains de ses collègues n'étaient pas mieux lotis et évitaient autant que possible d'avoir recours à elle en cas de problème.

Mais Ginette a pris sa retraite il y a trois mois et les clients, comme les collègues, respirent enfin.

Est-ce parce que Ginette est veuve ? Est-ce parce qu'elle cherche à meubler quelques loisirs de sa nouvelle vie de retraitée ? Toujours est-il qu'elle revient de temps en temps au supermarché, qu'elle franchit le fleuve pour aller faire des courses et ne pas dire bonjour aux connaissances qu'elle croise.

Dans le supermarché, elle scrute tous les rayons et fait un scandale lorsqu'elle constate que la date de limite de consommation des articles est dépassée, ou qu'elle est bientôt atteinte mais que l'article n'a pas été mis en promotion...

Elle ne remplit son panier qu'avec les produits dépourvus d'étiquettes de prix puis elle va payer en choisissant systématiquement la caisse tenue par un des collègues qu'elle avait dans le nez.

Elle prend ensuite son temps pour vérifier son ticket et s'assurer que toutes les promotions et réductions ont bien été prises en compte...

Ses collègues recensent ses visites, guettant un relâchement, signe peut-être que Ginette est en train de tourner la page et qu'ils pourront en faire autant.

18 juillet 2017

NATALITÉ EN AFRIQUE: UN CAMEROUNAIS ANCIEN CAMARADE DE MACRON LUI REPOND.

Le camerounais Joël Teubissi Noutsa, ancien élève de l'ENA, cette école de laquelle est issu le président français, vient de lui répondre, suite à ses déclarations polémiques lors du récent sommet du G20. Une réponse magistrale qui revient sur des détails qu'a tendance à oublier le jeune chef de l'état français.


 

LETTRE OUVERTE A EMMANUEL MACRON.

Mon cher Emmanuel, J’ai appris avec consternation dans les médias les propos désobligeants, empreints de mépris, de sarcasme et de racisme, que tu as prononcés à l’égard de mon continent. Dois-je te rappeler que lorsque tu sollicitais le suffrage de ton peuple, tu as qualifié le colonialisme de « crime contre l’humanité » lors d’un séjour en Algérie. Certainement dans l’objectif de rallier l’électorat français d’origine maghrébine et africaine. Quoique, entre les deux tours, sachant pertinemment que tu serais élu, tu t’es ravisé en parlant de « crime contre l’humain ». Il me souvient également que tu mettais en avant le choix de l’Ambassade de France au Nigéria comme lieu de stage lors de tes études à l’Ena, comme pour faire croire à cet électorat que tu souhaitais le connaitre, bien avant d’aspirer à la Magistrature suprême.

Cependant, à peine élu, et surtout depuis que tu dînes régulièrement avec le nabot qui nous avait insultés à Dakar, tu es devenu moqueur et véhément à notre égard. Il y’a encore quelques semaines tu te moquais de nos frères comoriens, dont la Présidence de la République a qualifié ton écart de langage sur les Kwassa-kwassa « d’inconsidéré (…) et à mettre sur le compte de (ta) jeunesse ». Tes excuses sont d’ailleurs toujours attendues. Aujourd’hui tu expliques à la face du monde, en plein sommet du G20, que le sous-développement de l’Afrique est "civilisationnel". Que c’est parce que nous sommes "des cultivateurs de chanvre indien ; des guerriers belliqueux, corrompus, incompétents et inaptes à la démocratie ... des trafiquants d’êtres humains et de biens culturels ... et des fornicateurs invétérés, au point d’avoir entre 7 et 9 enfants par femme..." Mais tu as oublié de te poser les bonnes questions, comme celles de savoir qui sont les plus grands consommateurs de chanvre indien, fabricants d’armes, trafiquants en tout genre, esclavagistes, corrupteurs et exploiteurs ? Mon cher Emmanuel, Si le cannabis a d’abord été qualifié de chanvre « indien » et pas « africain », c’est bien qu’il a commencé à être cultivé quelque part, là-bas en Asie. Etant donné que mes ancêtres n’étaient pas de grands navigateurs, on peut subodorer que ce sont les tiens qui l’ont importé sur notre continent. L’histoire nous raconte même que l’opium, son cousin germain, a été implanté en Chine par ta cousine la Grande Bretagne pour fragiliser ce peuple. Tu as bien dit « guerriers belliqueux, corrompus, incompétents et inaptes à la démocratie », dois-je te rappeler que tes aïeux ont instrumentalisé et armé les guerres les plus sanglantes sur mon continent et favorisé la plupart des coups d’état violents.

Qui finance les groupes terroristes, dont AQMI, BOKO HARAM et le MUJAO ? Qui a tué Khadafi, qui était l’ultime rempart de notre sécurité et le moteur de notre développement ? Qui a ourdi l’assassinat des héros de la lutte pour l’indépendance (Um et consorts) et des présidents en exercice (Olympio, Boganda, Tombalbaye, Ngouabi, Sankara, Ntaryamira, Habyarimana, etc.), qui souhaitaient simplement s’affranchir de l’hégémonie de l’Etat français ? Qui a fait partir certains chefs d’Etat du pouvoir, à l’instar des présidents Gbagbo et Lissouba, qui gênaient les intérêts de l’Etat français ? Qui soutient les régimes africains les plus incompétents et dictatoriaux, depuis les années d’indépendance ? Qui, par des accords de défense léonins, a fait main basse sur nos matières premières ? Qui nous rendra les mallettes d’argent qui ont circulé dans les réseaux françafricains ? Pourtant, pour avoir été scolarisé avec des africains, qui sont d’ailleurs membres de ton mouvement En marche, tu es censé connaitre la qualité des hommes de ce continent. Tu nous as qualifiés de "trafiquant d’êtres humains et de biens culturels", j’aimerai que tu me dises le fonds de ta pensée, concernant l’esclavage du peuple noir pendant plus de trois siècles, la colonisation qui a duré près d’un siècle et le néocolonialisme et le paternalisme qui perdurent.

Mes ancêtres n’ont aucun mémorial en France, pas même une stèle ! Alors qu’ils se sont battus pour les idéaux d’égalité et de fraternité que tu foules au pied par tes propos. D’où proviennent les reliques africaines précieusement conservées au Musée du Louvres et dans les musées français, qui en font le rayonnement ? Le comble, c’est quand je t’ai entendu dire que les milliards d’euros que vous déversez chez nous ne changeront rien à notre condition, tant que nos femmes continueront d’avoir entre 7 et 9 Enfants. Cher Emmanuel, pour le coup tes statisticiens se sont fourvoyés car, le taux de fécondité en Afrique s'élevait à 4,7 enfants par femme en 2016. Même en 1950, il était de 6,5 enfants par femme. Ce rappel étant fait, permets-moi de faire deux commentaires à ce sujet. Le premier sur le volume de l’aide internationale et ensuite sur la démographie. Tes prédécesseurs avaient arrêté le seuil annuel de l’aide internationale des pays riches, en faveur des pays pauvres, à 0,7% du Produit national brut (PNB), parce qu’ils estimaient à raison que vous deviez payer pour le tort que vous nous aviez fait subir, en spoliant nos richesses et en nous volant nos valeureux guerriers pendant 400 ans. Que ce soit la France, ou sa cousine la Grande Bretagne, puissances colonisatrices, vous n’avez jamais atteint 0,4% de votre PNB. Et que dire de votre aide, quand elle nous parvient ? Lorsqu’elle est sous la forme d’infrastructures, ce sont vos entreprises qui gagnent les marchés à des prix trois fois supérieurs au coût nécessaire pour les réaliser. Ce sont vos compatriotes qui sont recrutés à des niveaux supérieurs, avec des salaires exorbitants. C’est votre matériel qui est utilisé. Lorsqu’elle est sous la forme de bourses, c’est dans votre économie que les étudiants dépensent l’argent reçu, etc. Je t’aurai bien conseillé quelques études qui mettent en exergue les effets négatifs de l’aide sur nos économies, mais je ne doute pas que tu les ais en ta possession.

Sur le nombre d’enfants, comme je l’ai dit plus haut, tes chiffres sont faux et ton analyse fragile. Tu devrais pourtant savoir, et c’est inscrit dans le séminaire de Géopolitique que tu as dû suivre à l’Ena ou à Sciences po, que la population est un facteur de richesses et fait partie des cinq attributs de la puissance, cf la Chine, l’Inde, le Nigéria, etc. Tu as dû certainement zapper ce cours, trop occupé à faire mumuse avec Brigitte.

Tiens, justement, Brigitte, parlons-en. Personne en Afrique ne te fait le reproche d’avoir cocufié un homme qui avait l’âge d’être ton père ⎼ qui t’a d’ailleurs aimablement accueilli sous son toit ⎼ avec une femme qui a l’âge d’être ta mère ? Certains diront que c’est indécent ou te qualifieront de traitre, mais c’est ton choix et je le respecte ! Des mauvaises langues affirment même qu’elle te servirait de paravent pour, comme Philippot, exprimer tes orientations sexuelles. Certains diront que tu es pervers, ou que cette orientation sexuelle est "civilisationnelle", mais je m’en garderai bien. Que dire donc de ton libre choix de ne pas procréer ? Là encore, je me garderai bien de fouiner dans tes sous-vêtements, mais de grâce, laisses ceux de nos mères tranquille !!! Le plus drôle dans cette histoire c’est de voir la frénésie avec laquelle certains compatriotes et frères africains se délectent de tes propos condescendants et paternalistes, cherchant à noyer le poisson ou à en minimiser la portée. Certains le faisant naïvement, dans le but de ne pas égratigner leurs amis français, ou le souvenir de leur séjour en France ; tandis que d’autres, plus pervers, réagissent de la sorte de manière à préserver leurs « intérêts ». J’ai des amis français, de très bons amis d’ailleurs et j’ai un souvenir ému de mon court séjour dans ce pays. Donc, je n’ai aucunement de problème ni de haine vis-à-vis des français, mais plutôt avec l’Etat français dont nous ne supportons plus le mépris et l'inculture de ses dirigeants, notamment en ce qui concerne l'histoire de l'humanité.

Très cher Emmanuel, Tu devrais savoir que la pauvreté comme la richesse à l’échelle individuelle, nationale ou continentale sont cycliques ! L’Afrique a un jour régné sur le monde, souviens-toi, et son tour reviendra. Aussi, en toute fraternité, je t’invite à te repentir de tes propos et à nous présenter tes excuses afin que cette génération ne grandisse pas avec pareille humiliation.

En effet, quand notre tour adviendra, il ne plairait à personne que la même graine de revanche, qui a animé tes cousins germains allemands suite à l’humiliation de Nuremberg, n’ait germé dans les consciences de 2 milliards de noirs. Te voilà prévenu !

Bonne fête nationale Ton condisciple africain

Teubissi Noutsa Joël,

ancien élève de l'ENA

Source : Afrik-inform.

11 juin 2017

Macron Président

macron_président

1 septembre 2016

Rue des allocs...

 



 

Trouvé sur le Blog d'un Odieux Connard.

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Les rois du pétrole
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